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Paris, le 15 novembre 1957

Cher Monsieur Seligman,

J'ai reçu, ce matin, votre lettre du 11. Je vous envoie par avion le catalogue Tony Mayer. Le même jour, en complément de cette vente, [[on?]] aura lieu une autre dont le cataloue n'est pas prêt et dont je n'ai pas vu les pièces qui la composent (Vous en trouverez l'annonce dans le n° 38 de la Gaz. de l'Hôtel Drouot du 8 novembre). Ce T. Mayer est un collectionneur parisien de la  rive gauche - je n'ose dire amateur, le mot est trop beau - qui se faisait conseiller par le peintre Villebœuf (Voir le préface) et achetait à divers marchands parisiens (DeBayser, Cailleux, etc.) au cours de [[underlined]] ces dernières années[[/underlined]]. Je suis allé voir toutes les pièces qui composent cette 1[[superscript]]e[[/superscript]] Vente chez Durand-Ruel et chel Lebel. Presque toutes les oeuvres sont de [[underlined]] petites dimensions[[/underlined]] et il n'y a rien, à mon sens, d'une grande importance sur le plan artistique bien que la plupart des oeuvres soient authentiques, et certaines sympathiques et désirables.

Les "modernes" chez Durand-Ruel (nos 22 à 55) comprennent  surtout un série de Delacroix, dont le plus important et le meilleur est celui reproduit en couleurs sur le couverture (Je l'ai vu à l'étude Rheims où il est resté). Parmi les autres, il y en a de décevants (les nos 28, 30, 32, 38, 40 notamment), et il y a un manque de goût dans la choix de cet ensemble. Les Boudin sont peu de chose (le n° 22 est gentil), Le Cézanne bon bien qu'un peu particulier,  le n°49 est le meilleur des 2 Jongkind, le [[Lépine?]] n° 50 est sympathique, le Morigot léger et très frais, Utrillo médiocre et fragile (sur plâtre), l'aquarelle de Rousseau n° 54 est jolie et très claire, bienque manquant un peu de puissance pour lui. Elle a un passe-partout qui lui [[nuirit?]]. Tout cela n'aurait consitué autrefois qu'une bonne vente à l'Hôtel Drouot.

Dans les "anciens" chez Lebel (nos [[9?]] à 29), il y a qq. réserves à faire sur certaines pièces. le Boucher et le Guardi sont les plus importants par leurs dimensions. Le Boucher est de bonne qualité (il y en a de plus beaux); je n'aime pas beaucoup le Guardi, qui, de plus, est [[resté?]] tâché (il doit avoir été lavé). Les 2 Frago ne m'ont pas ému, ils manquent de concentration; le Goya est vrai, interessant mais non saisissant; je ne crois pas au Rembrandt. Le Moreau est charmant bien qu'il forme 2 tableaux, le petit Poussin (n°14) est largement indiqué; les St Aubin sont de celles feuilles d'études. Des 3 Watteau, j'ai noté le 20; je suis gêné devant les 2 autres. Des 2 Claude, le n° 12 est vrai mais a des [[lourdeurs?]], le n°11 [[quiétiquement??]] indiqué présente malheureusement un papier assez fraissé. Enfin, l'Ingres, petit aussi, m'a plu davantage que sa reproduction au catalogue. Sans être de la meilleure époque, il reste de qualité. -- Voilà mes impressions rapides à la suite de ce 1[[superscript]] e [[/superscript]] contact.

A titre indicatif, Lebel estime le Boucher entre 600 et 800, l'Ingres autour d'un million. ^[[A mon avis, il foudra aller plus loin.]] Ici, les prix semblent encore en hausse depuis qq. jours, Le franc se dévalorise chaque jour, semble-t-il. - Je ne perd pas de vue de Chasseriau, mais je ne connais son existence qu'à travers une personne qui m'en a parlé et m'a promis de le montrer en [[premier?]]. Je vous tiendrai au courant, s'il y a [[lien?]].

Sincèrement vôtre

[[signed]] H. Baderou [[/signed]]