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Paris, le 25 mars 1960

Cher Monsieur Seligman,

Je vous remercie des quatre photographies que vous m'avez adressées. Je compte remettre prochainement celle du Vignon à M. Charles Sterling à qui j'en ai parlé au téléphone, mais qui est très occupé actuellement par la préparation des expositions Poussin et Les Réouvres du Louvre. Je vous ai donné au sujet des dessins tous les renseignements que je possédais. Si je puis savoir quelque chose de nouveau, je vous en ferai part.

J'ai reçu depuis votre lettre du 18 mars et votre câble. En réponse à ce dernier je vous câblerai opinion et estimations. Je ne pourrai voir les dessins chez M. Lebel, avec qui j'ai pris rendez-vous, que [[underline]]demain matin [[/underline]]. - Au sujet du [[underline]] "Tiepolo" [[/underline]] de la vente du 29, c'est la 3e fois que je la vois passer en vente. Sur mon exemplaire de la vente Jules Strauss, j'avais noté "[[underline]]oeuvre d'atelier[[/underline]]". J'ai comparé hier la reproduction de ce tableau avec celle de la collection Rodolphe Kann, dont j'ai le catalogue. Cela suffit à me confirmer mon opinion. L'[[underline]]original[[/underline]] de la Coll. Kann (T. H.0,78 x 0,87) présente la même composition, mais avec des  variantes importantes, toutes plus belles que dans le présent tableau. La composition en est plus originale et plus monumentale. L'oeuvre a plus de force et d'unité. Deux personnages, un saint Jean pleurant et un guerrier brandissant un marteau se dressant derrière la vierge de pitié, dont ils grandissent le groupe et masquent le bas de la [[croix ?]] du [[larron?]], avec lequel ils la [[tient?]] Ici, on voit une barrière, qui n'a aucune signification, et un plus grand développement de la ville, au loin. Dans le tableau Kann, le premier plan, qui semble ici coupé (voir les pieds de l'homme à droite), a un plus grand [[strikethrough]] [[?]] [[/strikethrough]] ^[[espace]] - Une pierre tombale et une échelle posée à terre, au centre, font reculer toute la composition, qui prend toute sa grandeur. Enfin l'exécution apparait nettement plus rigoureuse et le dessin plus ferme.

Sincèrement vôtre

[[signed]] H. Baderou [[/signed]]
[[right margin]] [[underline]] Baderou [[/underline]] [[/right margin]]

P.-S.: J'ai, en effet, acheté le dessin [[heavily underlined in pencil]] de Gustave Moreau[[/heavily underlined]], représentant plus exactement [[underline]] "Hésiode et la Muse"[[/underline]], ainsi que Gustave Moreau l'a indiqué lui-même dans le haut (cette partie était cachée par le montage, lorsque je l'ai acheté). C'est un superbe dessin, à mon sens, assez tôt dans son oeuvre, quoiqu'il est signé et daté 1857. Il a figuré à l'Exposition Gustave Moreau à la gal. b. Petit, en 1906, sous le n° 193. Il appartenait alors à Mme [[Alexandre ?]] Singer.