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Cahier de ce Bulletin. Sa récente nomination au Collège de France ne le portera certainement pas à renier le soutien qu'il a si souvent donné à mon oeuvre continuent celle de Paul Jamot. Quant à Monsieur Bazin, je le connais fort peu, et il n'est jamais venu chez moi. Il ne devait pas connaitre non plus Lerolle, et n'a donc jamais dû voir sa "Madone" qui était si connue à Paris du temps où Lerolle recevait chez lui. Ce tableau est venu entre mes mains d'une façon singulière et inattendue. Les héritiers Lerolle se sont vus dans la nécessité de faire une vente pendant le débarquement de Normandie en 1944. L'expert Catroux était emprisonné par les Allemands (frère du général Catroux), et l'expert Max Kann ne pouvait exercer. La vente fut donc sans expert pour la soutenir. J'y allais sans savoir que la célèbre "Madone Lerolle" y passerait. Je l'y reconnus, alors qu'elle passait inaperçue sous une couche épaisse de vernis noircis. L'ayant aussitôt confiée au restaurateur du Louvre, Lucien Aubert, ce dernier me la restitua dans toute sa beauté, et en parfait état de conservation, comme cela arrive souvent en ce cas. Depuis elle devint, comme je vous l'ai déjà dit, le centre de la Société Poussain, née en quelque sorte de l'admiration qu'elle suscitait, et du plaisir de ceux qui l'avaient connue et qui la retrouvaient plus belle que jamais. J'avais pensé la garder jusqu'à ma mort, et l'ajouter à la Donation de mon oncle. Mais les difficultés incroyables que j'ai rencontrées comme exécutrice de ce grand esprit, et remarquable collectionneur, m'ont fait changer d'avis. N'ayant pas d'héritiers directs, je désire de mon vivant voir entrer ce chef d'oeuvre de l'art français dans un grand musée étranger, et je désire l'y vendre pour qu'il y soit vraiment apprécié suivant l'effort fait pour l'acquérir. Ainsi j'ai la conviction de servir mon pays, dont l'art est un des meilleurs ambassadeurs (le Louvre a quarante trois Poussins qu'il n'a pas la place d'exposer).

Le Deuxième Cahier de ce Bulletin, complément en quelque sorte du livre de Jamot sur Poussin, contient à l'Addenda à Grautoff la reproduction de la "Madone Lerolle" avec l'historique des identifications différentes des deux exemplaires. Il est évident que Friedländer l'a tenue pour un original jusqu'en 1933 (Thieme et Becker), et je ne sais s'il l'a revue? De toutes façons ce ne pourrait être qu'en 1938 quand elle a été portée à Londres sans être nettoyée, pour être comparée avec l'exemplaire Sutherland. Depuis j'ai recommencé cette comparaison en 1946, et ai pu constater que mon exemplaire ne le dédait en rien comme brillantes couleurs (si significatives des Poussins de cette période) à l'exemplaire du Duc de Sutherland. Je n'ajouterai qu'une chose à ce que vous trouverez imprimé dans le Bulletin, c'est que le détail auquel je faisais allusion: l'absence de linge devant le petit Saint Jean, se retrouve dans une copie ancienne découverte depuis peu à Chaumont (ancien fond du Musée régional). On peut se figurer qu'un copiste ait pu ajouter ce linge à la composition (détail qui se retrouve rarement de la main de Poussin, qui voyait les putti à la mode antique), mais on ne s'expliquerait pas un copiste faisant l'enfant entièrement nu alors que l'original ne l'était pas.

Etant donnée la façon dont le Professeur Blunt a soutenu mon effort, je ne peux que vous renvoyer à l'article qu'il a écrit sur mes publication dans le Burlington Magazine(Déc.1949). Il est naturel cependant qu'il soutienne l'exemplaire qui est une des gloires des collections

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