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1907. January 29. Tuesday at Baddeck
Le Legaro Paris
14 Nov 1906.

AEROSTATION
La Traversée des Alpes.
 Deux aéronautes italiene, MM. Usuelli et Crespi, viennent d'accomplir la traversée des Alpes eu ballon; partis de Milan à bord du Milano, ils ont pris terre à Aix-les-Bains, après un voyage d'une émouvante splendeur au-dessus du mont Blanc.
 Voici quelques détails sur cette prouesse sensationnelle.
 Partis à dix heures cinquante du matin de la place d'Armes de l'Exposition de Milan, MM. Usuelli et Crespi voulaient tenter de battre le record de l'altitude qui appartient à M. Jacques Balsan par 8,550 mètres.
 Le Milano cubait 1,200 mètres cubes; à onze heures trente, l'aerostat était à 4,900 mètres et avait franchi la région des grands lacs, le thermomètre marquait alors 14º au-dessous de zéro.
 A midi, les deux aéronautes étaient à 5,250 mètres; ils ne souffraient pas encore de la depression atmosphérique, mais furent bientôt en but à des malaises qu'ils combattirent en absorbant de l'oxygène, la bouche collée sur l'appareil dont les deux tuyaux d'aspiration s'étaient rompus.
 Le Milano était à proximité des Alpes, vers lesquelles il courait à grande vitesse. Le froid était alors intense; les deux aéronautes n'en souffraient pourtant pas.
n Laissant sur leur gauche le mont Rose et le Cervin, le Milano franchissait à une heure vingt minutes les Alpes par-dessus le mont Blanc. L'aérostat naviguait à 6,800n mètres par 34º au-dessous de zéro.
 Immobiles, muets, émus d'admiration, les deux aéronautes contemplaient le magnifique et sublime panorama qui se développait en un chaos éclatant sous leurs yeux.
 A dux heures quarante minutes, le Milano passait au-dessus de l'Isère à 5,350 mètres par 30º ½ au-dessous de zéro, filant vers le lac du Bourget. MM. Usuelli et Crespi décidèrent alors d'atterrir; le Milano prit terre à Aix-les-Bains à deux heures cinquante-cinq, à demi dégonflé et ne possédant plus qu'un sac de lest.
 Un détail sur l'un des deux aéronautes: M. Usuelli était à bord du ballon la Belle-Hélène qui se perdit dans l'Adriatique avec deux de ses amis. Il ne dut qu'à son énergie d'échapper à grand'peine au naufrage de l'aérostat.
Frantz Reichel.

Corriere di Genova.
14 Nov. 1906
Da Milano
Splendida ascensione aereonautica
Il récord dell'altezza
Da Milano ad Aix-Les-Bains in quattro ore
 Vigoni ci telefona da Milano:
 Come già sapete il giorno 11 alle ore 10 ebbe luogo l'ultima ascensione aereonautica della Mostra 
Milanese.
 L'esito è stato splendido avendo il pallone Milano raggiunta l'altezza di 6800 metri e superata ia cresta delle Alpi. Venne così superato il récord che fine ad oggi era stato vinto da Becherucci e Meoli col pilota d'Artois, i quali - e voi meglio di me lo sapete - il 3 settembre 1903 raggiunsero i metri 5300 tentando di trovare le correnti che avrebbero dovuto trasportarli al di là della catena Alpina.
 Dunque partì il Milano dal Parco di Piazza d'Armi con grande quantità di zavorra, per poter salire, e di ossigeno per render facile la respirazione negli alti strati atmosferici.
 Sul pallone vi era il passeggero signor Carlo Crespi ed il pilota sig. Celestino Usuelli, il quale non è alle sue prime battaglie aereonautiche, poiché egli è il superstite della catastrofe del Regina Elena, il quale - come be recorderete - partito di sera dalla piazza d'Armi, aveva a bordo oltrechiè l'Usuelli, il capiano Nazzari e il signor Minoletti. Lo scopo fu anche allora quelle di compiere la traversata delle Alpi: ma, date le sfavorevoli condizioni atmosferiche, l'aereostate fu spinto anzichè a nord, a sud e quidi at est, e cadde in mare davanti Ancona. Il capitano Nazzari e il Minoletti perirono; l'Usuelli miracolosamente si salvò.
 Il pallone Milano, che misura mille metri cubi, giunse in quattro ore ad Aix-les-Bains montando il Monte Blanco, con una velocià di 100 chilometri all'ora.
 Eccovi senz'altro la descrizione del viaggio fatta dai due valenti aereonautici: [last line cut off]

Eclio de Paris Paris
14 Nov 1906
Le Problème de l'Aviation résolu
 M. Santos-Dumont a accompli avant-hier un nouvel exploit. Monté sur un aéroplane, il s'est élevé à quelques mètres au-dessus du niveau du sol et il a « volé » sur un espace de deux cents vingt mètres!
 Cet événement, prodrome de la navigation aérienne, soulève l'enthousiasme [[image]] [[caption]] M. LEVAVASSEUR Inventeur du moteur léger dont est muni l'aéroplane Santos-Dumont.[[/caption]] mérité des foules. Mais, tandis que le nom de M. Santos-Dumont, Brésilien d'origine, est sur toutes les lèvres, personne encore n'a parlé d'un ingénieur, Français, celui-là, sans lequel M. Santos-Dumont chercherait encore le moyen de planer dans les airs.
 Cet ingénieur, j'ai passé la matinée d'hier avec lui, dans les ateliers qu'il occupe rue des Bas-Rogers, à Puteaux; je l'ai entendu me raconter comment il a inventé en 1902 le moteur léger pesant 1 kil. 500 par cheval-vapeur et qui a réalisé la prophétie faite par le colonel Renard lorsque le savant officier écrivait en 1903: « Le jour où la mécanique moderne aura réalisé le tour de force de créer un moteur pesant trois kilogrammes par cheval-vapeur, un appareil plus lourd que l'air, mû par ce moteur et monté par un homme, s'élevera dans l'air! »
 Dans le tout petit bureau qui lui sert de cabinet d'études, M. Levavasseur est assis. Je suis en face de lui, et tandis qu'il parle, tandis qu'à côté de nous les tours grincent, les courroies crient, j'examine le Français qui, par son génie créateur, a droit à notre admiration.
 Petit, un peu trapu, une tête énorme un peu enfoncée dans les épaules, des cheveux blonds rejetés en arrière, une longe barbe rousse tombant sur la poitrine, des yeux brillants d'intelligence et de volonté, voilà mon interlocuteur!
 - M. Santos-Dumont, me dit-il, vient d'accomplir une incomparable prouesse. J'admire la hardiesse de cet homme qui, dans un but scientifique, n'a pas hésité à risquer son argent et sa vie. Je suis fier d'avoir collaboré à cette conquête de l'air, but incessant des convoitises de l'eprit humain.
 » Je suis convaincu, depuis longtemps, que l'homme ne pourra planer et se diriger dans l'atmosphère qu'au moyen du plus lourd que l'air, et il y a longtemps que j'ai travaillé à réaliser la construction d'un moteur extraléger.
 » En 1902, ici même, seul avec deux ouvriers, je construisis mon premier moteur « Antoinette », ayant une puissance de 90 chevaux et pesant 130 kilogrammes. En juin 1903, j'appliquai [[article cut off here]]
tion irréprochable et d'un fini parfait, ne pesait que 300 kilos. L'hélice que j'avais été heureux d'étudier et de construire spécialement pour lui, donnait, accouplée directement avec mon moteur une poussée de 146 kilos, c'et-¡a-dire la moitié de la puissance totale; le moteur tournait ¡1 1,500 tours par minute et le pas de l'hélice était d'un mètre; dans ces conditions le succès était certain.
 » L'aviation va maintenant faire des progrès incessants. Pour moi, c'est vers la forme et la voilure des aéroplanes que doivent tendre les efforts des chercheurs. Il ne faut pas oublier, en effet, que pour être maître de sa direction, l'aéroplane doit pouvoir lutter contre les vents les plus violents, c'est-à-dire être à même de fournir une vitesse de 150 kilomètres à l'heure; cette vitesse on l'atteindra, j'en ai la certitude.
 » Vous êtes sceptique, je le vois, vous avez tort, mais j'ai la foi. L'homme a trouvé la flèche qui vole, cela est incontestable, n'est-ce pas? il n'y a pas de raison pour qu'il ne trouve pas l'aéroplane. Peut-être l'aaéroplane pratique aura-t-il la forme d'une flèche, je le croirais assez. Nous avons déja la force puisque je construis en ce moment un nouveau moteur de 100 chevaux-vapeur pesant seulement 100 kilos: c'est le principal. Avec des hommes comme Santos-Dumont, Blériot, Ferber, etc., le reste viendra tout seul!»
 M. Levavasseur parlait ainsi avec toute l'ardeur du croyant. Ses gestes nerveux battaient l'air comme les ailes de l'oiseau mécanique qui, bientôt, s'élancera victorieux vers les nuées jusqu'alors invaincues, et telle est la puissance de la foi que, moI aussi, je crois maintenant à cette imminente et nouvelle conquête de l'homme sur la nature.
JULES RATEAU.


Transcription Notes:
Fixed missing diacriticals, corrected some spelling errors. It seems that some of the accents in Italian are switched--`instead of ´for example. Needs checking.a