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Je me suis rappelé alors ( je suis oublieux de ces choses, mais quand elles me reviennent, je les vois plus nettement que jamais) que vous n'aviez pas répondu à ma proposition. Visiblement, vous preniez vos distances. Le besoin que vous aviez de notre amitié se faisait moins sentir. En somme, tout s'est passé comme si j'avais été un instrument dans vos mains et celles de Castelli - qui ne m'a jamais écrit le moindre mot amical en deux ans - et il n'était évidemment pas question, ni dans votre esprit ni dans celui de Castelli - que cet instrument se permette de jouer avec vous un autre rôle que celui de propagandiste pour les peintres américains que vous estimez supérieurs à tous les autres.

Or, un rôle de propagandiste n'a jamais été et ne sera jamais le mien pour personne. D'ailleurs, serait-il le mien que vous n'en auriez plus besoin : le Pop Art a triomphé, malgré les résistances et a même bénéficié de ces résistances. Ce triomphe masque pour le moment par son retentissement le Nouveau Réalisme qui l'avait précédé en Europe; mais on rétablira la justesse de cette perspective comme il convient, bientôt.

Internationale, l'avant-garde l'est depuis [[strikethrough]] longue [[/strikethrough]] 50 ans, et nous sommes quelques uns à penser qu'elle le restera. "L'internationalisme" existe peut-être de moins en moins dans les faits, mais demeure vivant, quoiqu'on dise, en Europe [[strikethrough]] l [[/strikethrough]] : le succès de votre galerie à Paris le prouve de manière éclatante. Depuis cet été, ? je considère qu'il faut aller beaucoup plus loin dans la défense de l'avant-garde. Je suis toujours rempli d'admiration pour les peintres que j'ai préfacés chez vous, mais vous comprendrez aisément que je cherche à favoriser aujourd'hui, dans la mesure de mes moyens, tous les artistes qui ne sont pas encore à leur juste