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art press 90
objets non-identifies

objets non-identifies

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"The ancient incident". 1981. Construction mixed media. 215 x 230 x 50 cm  (Court. Flow Ace gall.).

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"Altar of the infinite lottery winner". 1981. Construction mixed media. 115 x 100 x 60 cm.

Ce Petit Rencesement icongraphique permet d'expliquer le rapport d'intimité que nous établissons d'emblée avec l'oeuvre. Comme si l'espace et le temps subissait une brutale contraction, cette oeuvre rassemble des images, des objets, des fragments de décors que le peintre - et sans doute nousmêmes - avons l'habitude de cotoyer, qui sont les supports et les balises de notre environnement quotidien. De grandes compositions comme Interview (1995) et surtout Rodeo Palace (1975-76) s'imposent comme les murs d'une chambre dont les portes s'ourvent sur l'espace frontal des images et des tissus de couleur. A leur propos, Lawrence Alloway aprle de ?lyrisme dans ;'ergonomie? (2). Pour moi, elles coïncident étonnamment avec la notion d'?espace topologique? utilisée par Francastel.

Francastel emprunte cette notion à Piaget et l'applique à la peinture cubiste (3). II rappelle que selon les études de Piaget et de Wallon, ? la perception spatiale se fait non tout d'un coup mais per étapes?. L'enfant construit une représentation de l'univers ? sans formes fixes et, a fortiori, sans mesure, sans objet et naturellement sans perspective, sans classe logique de formes...? Or, cette perception primitive, qui ignore l'organisation euclidienne, n'este-elle pas celle que les peintres cubistes, aprés Cézanne, ont cherché àrecouvrer dans sa pureté, au travers de leurs ?contruction d'univers déformables et variés, soumis à des notions non euclidiennes mais trés topologiques, et de séparation, de succession et d'entourage, d'enveloppement et de continuité... ? ? Et cette gigantesque énumération du réel à laquelle se consacre Rauschenberg, n'est-elle pasune amplification du ? tâtonnement ? des cubistes ? Braque piétine autour de son compotier comme pour le palper du regard, juxtaposer au reflet enregistré quelques instants auparavant le nouvel éclat de lumiére que s'offre à ses yuex. Rauschenberg, lui, qui a été danseur (sur patins à roulettes !) et qui est grand voyageur (il désigne un ensemble de ses oevres comme étant ?the pedestrian serie ?) (4), a chaussé des bottes de sept leiues ; son ?espace topologique ? couvre de bien plus vastes étendues géographiques et temporellas. Certaines des sculptures récentes où les objets, cordes, caisses, chaise et escabeau, se trouvent associés à des structures, sortes de socles ou d'emboîtages en bois et en aluminium, couvertes d'images sérigraphiées, provoquent une condensation du temps : l'espace de la méemoire, celui qu'enregistre la photographie, se trouvant confronté à l'actualité des objets réels. 

Braque, encore lui, avouait avoir eu ? la manie de trimbaler (ses toiles) ; de leur faire rencontrer des choses. Pour voir si elles tiendraient ? (5). Mais cette traversée, par la peinture, du monde des objets réels, restait à l'usage privé du peintre. Revenue dans l'atelier ou dans l'espace d'exposition, la toile retombait dans son isolement. Les déplacements de Rauschenberg non seulement marquent plus durablement ses oeuvres mais ce sont les ?choses rencontrées ? qui les font véritablement tenir : dans les sculptues surtout, ce sont les objets euxmêmes qui constituent l'armature de l'oeuvre, ils ne sont pas seulement des pièces rapportées. Comme l'a si bien exprimé Severo Sarduy, Rauschenburg inverse l'effet Duchamp : ? il ne fait pas entrer dans le tableau... ce qui est insignifiant ou étranger, mais elargie la surface conventionnele re'connue de la représentation en lui articulant arbitraitement des objets, et la fait ainsi déborder sur la réalité environnate, qui est du coup dévorée, incorpoée, obligée, comme par une invasion du symbolique... à se pourvoir... d'un simulacre de transcendance? (6). 

[[Bold]] De Mê me qu'il faudrait suivre du doigt un dripping, on énumère un combine

Cet espace topologique qui ne classe ni les formes ni les choses, qui présente simultanément des objets de rebus et des matières flambant neuves comme le plexiglas et l'aluminium, des images, des traces de peinture, des constructions abstraites, produit enu étonnante impression d'hétérogénéité. Cet effet, souvent commenté, est considéré comme l'un des apports essentiels de Rauschenberg. Pour poursuivre la comparaison avec le cubisme, on notera avec Lawrence Alloway que là où Picasso, précisément dans la sculpture d'assemblage, recrée une unité à partir d'éléments hétéroclites (par exemple, la 2 CV jouet s'intégre au corps de la Guenon de façon quasi-naturaliste, du fait de son étonnante ressemblace avec une tête de singe) et accepte de réaliser des tirages en bronze, Raushenburg, en revanche, rassemble ses efforts pour maintenir l'hétérogénéité.

Nous devons bian reconnaître que passées las premiéres secousses sismiques enregistrées par Braque à l'Estaque et ces gueles-