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LE TÉLÉGRAMME DE BREST ET DE L'OUEST 29 N - MORLAIX 7 Déc. 1971 BREST - BREST - BREST... SPECTACLES - ARTS - LOISIRS BREST - BREST - BREST... Au musée municipal Trois peintres des Etats-Unis [3] Cartier, Gunter, Reid DU ler décembre au 17 janvier 1972, vous pourrez voir au musée municipal, la septième présentation de peintres américains, absolument différents par la conception de la peinture, leur sens de la couleur et leur graphisme. Pour être franc, je dirai que cette exposition, bien aérée, bien présentée, m'a déçu, non pas que la peinture soit dénuée de valeur, non pas qu'elle manque de variété, mais il y a en France des artistes d'une autre qualité, dont le talent affirmé mériterait l'audience de notre musée. Je pense par exemple à Jean-Jacques Morvan dont l'actuelle exposition au musée d'Orléans, que dirige Daniel Ojalvo, ancien conservateur du musée de Brest, vient de connaître un réel succès. Né en France et naturalisé Américain, Cartier est un coloriste abstrait, bien à l'aise devant de grandes toiles. Il peint à même le sol et avoue sa grande surprise lorsque, ensuite, il voit son œuvre au mur. Ses larges coups de pinceaux verticaux me font penser à une projection de diapositives faite par l'ami Le Mallet, il y a quelques années, à la Chambre de commerce. Il annonça une toile abstraite d'une grande maîtrise et le public présent de s'extasier devant la richesse des couleurs et la mise en page. Une seconde diapo nous ramena à la réalité. C'était, au port de Concarneau, la façade d'un bâtiment où les peintres. ayant achevé de barbouiller la coque d'un navire, essuyaient leurs pinceaux. Avec Frank Gunter, c'est tout autre chose. Chantre de la nature, il fiche son chevalet devant les calmes et vastes paysages du Middle-west, les grasses prairie où ruminent quelques vaches, les bords d'une rivière où des arbres et les bâtiments d'une ferme se mirent dans l'eau calme. Il y a chez lui un sens poussé de la composition que l'on retrouve dans ses natures mortes. Un pot de fleurs, une rose s'épanouissant dans un vase, il ne lui en faut pas plus pour faire naître une toile. Mais Frank Gunter qui, par moments, pourrait passer pour un peintre naïf, est passé maître dans le «trompe l'oeil». L'ombre portée de la rose n'a rien à voir avec la fleur elle-même et le reflet des arbres et de la maison dans la rivière n'a rien à voir avec la vision de la rive. L'oeuvre de Robert Reid constitue le troisième volet du triptyque américain. Il ne cherche pas à attirer la vue par la violence de la couleur comme Cartier; ses tons sont au contraire la neutralité même. Il accroche par d'obsédants, chiffres, et signes qui viennent s'encastrer dans une falaise ou s'étirer sur le sable d'une plage. Cette exposition a été réalisée grâce aux services culturels américains. Jean OLLIVIER.