Viewing page 5 of 149

This transcription has been completed. Contact us with corrections.

THE WALTERS ART GALLERY
BALTIMORE 1, MARYLAND

ce 3 Novembre 1961

Cher Monsieur,

La si bonne soirée commencée chez vous se termina d'une manière qui ne fut pas du tout, comme si je craignais un peu, un anticlimax. C'est peut etre que j'ai peu l'habitude de la faune new yorkaise et qu'elle m'a semblé aussi pittoresque et étrange que la flore des bijoux de Jean Schlumberger, qui évoquent curieusement des [[beloques?]] inventées par Jerôme Bosch pour une nouvelle ronde de délices terrestres. Je vous suis reconnaissant, et à Madame Seligman, pour cette longue et chaleureuse halte. Comme il est bon de bavarder quand on en est, comme je le suis, un peu privé (comme de truffes). Ne manquez pas de me prévenir quand se concrétisera votre projet de venir à Baltimore, car je risque d'etre pour une raison ou une autre absent préscisement ce jour-là. J'ai ruminé mentalement votre fragment de ceinture. Il ne fait à mes yeux aucun doute que c'est une oeuvre de la première moitié du XIIIe siècle, soit Mosane, soit Frangaisi du nord. Les motifs niellés deviennent entièrement fréquents avec Hugo de Oignies [[Hugo d'Oignies]]. Vous pourriez en trouver la confirmation -- et en même temps des types de filigrane proches de ceux de votre pièce, --dans la grande étude sur Hugo parue dans la Bulletin de la Commission Royale des Monuments et des Sites, III, 1952. Nous n'avons pas le volume à Walters (je l'ai lu à Yale) mais il doit se trouver à New York.

Veuillez, Cher Monsieur, présenter mes hommages et tous mes remerciments à Madame Seligman et croire à mes sentiments bien attachés.

Philippe Vervier