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THE WALTERS ART GALLERY
BALTIMORE 1, MARYLAND

le 23 octobre 1961 

Cher Monsieur,

Je dois venir à New York mardi le 31, mais une fois encore ce sera un coup de vent - un vent assez rapide pour m'arracher de la tête le bonnet de chef qui, suspendu sur elle, ne s'y pose jamais. Viendrez vous à l'ouverture de l'exposition Jean Schlumberger? Comme je dois retourner à Baltimore le lendemain par la route, ce qui me laisse une certaine flexibilité d'horaire, j'espère qu'au moins j'aurais le plaisir d'aller vous serrer la main à la 57ème rue avant le départ.

En consultant la bibliographie donnée par Hanns Swarzenki dans ses Monuments of Romanesque Art, j'ai vu qu'il existait un livre sur l'[[?]] carolingienne, écrit par un auteur dont le nom ressemble au vôtre jusqu'à la coïncidence parfaite. Si c'est bien vous, je ne l'ai jamais lu, à ma courte honte.

Nous avons passé en famille dix semaines en France cet été. Entre deux  pèches à la crevettes avec mes petites filles, j'ai travaillé à Limoges et à Paris sur un prochain livre dont les émaux de la Renaissance constitueront le sujet (ou la victime). J'ai ouvert au Louvre les Dossiers de Marquet de Vasselot, fermés depuis sa mort. J'avais même un passe partout des galeries, de sorte que j'aurais pu revoler la Joconde. A Limoges j'avais aussi au poche la clef de la Bibliothèque et m'y trouvais, selon ma fantaisie à 6h. des matins, ou jusqu'à 1h. des matins (Dans ce dernier cas, il m'incomberait de mettre toute l'electricité hors de circuit). Bourdery[[?]] a laissé trois tiroirs de dossiers colossaux sur les émaux. Les rats ont mangé celui qui contenait ses conclusions, mais les fiches préparatoires sont intactes.

Puis-je vous demander si vous savez quand les vitraux de Chagall seront exposés à New York avant de prendre le chemin de Jerusalem?

Partagez, je vous prie, Cher Monsieur, avec Madame Seligman l'assurance de mon bien amical souvenir et veuillez croire à mes sentiments les meilleurs et dévoués.

Philippe Vernier