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BEAUX-ARTS 
Nov. 1. 1935

LA SCULPTURE

L'art sculptural piétine. Le Salon d'Automne, qui n'est cependant pas un Salon où beaucoup de sclupteurs exposent, s'en ressent. Il semble que le groupe de sculpteurs honnêtes et peu originaux qui exposent ici d'ordinaire n'aient guère fait d'efforts cette année : c'est peut-être que le temps de suiveurs consciencieux n'est plus. On demande à	notre art, que tout menace, des preuves réelles et originales de sa vitalité. C'est le danger même qu'il court qui nous entraiîne à la sévérité. Il fault dire cependant que l'Athlète vainquevor, de GIMOND, le Nu d'YENCESSE, les oeuvres d'HERNANDEZ, d'HILBERT, de KRETZ et d'OSOUF, et parmi celles des plus jeunes artistes les groupes de DELUOL, et enfin la rétrospective de GARGALLO, forment les seuls points d'intérêt certain de ce Salon. On doit enregistrer cette année quelques défections.

Dans la rotonde centrale La Mère heureuse, de BACHELET, nous accueille. C'est un morceau très honnête, mais de proportions banales. 
La Femme accroupie, de PAUL MANAUT, est plus conventionnelle et plus faible encore. Le Nu d'ICHÉ, que l'artiste intitule curieusement Le Penseur, est d'un dessin serré et strict, mais d'un réalisme singulier : on comprend mal les intentions de l'artiste. Cède-t-il à l'humour? Il n'y en a certainement pas dans le Nu de CAZAUBON, qui est d'une imagination bien pauvre.
La Pleureuse, de BOURAINE, occupe le centre de la rotonde. On ne déniera pas à cet artiste un certain sens de la construction architecturale. Mais que cette oeuvre manque de souplesse intellectuelle! que l'inspiration demeure froidement géométrique! Le même artiste présente la maquette d'un monument à la << Gloire des Ailes françaises >>, dont M. PIERRE LUCAS a ordonné l'architecture. Ce monument sera érigé à Cannes. Il n'apporte dans notre sculpture monumentale aucune sève nouvelle.
Cette sève nouvelle, le monument conçu pour le roi Albert Ier par WLERICK et R. MARTIN l'eût-il insufflée à la sculpture publique? Le cheval est excellent : il est d'un style vif et fier. il tranche sur les banalités coutumières. Le personnage est plus sommaire. N'importe : un essai loyal avec la sculpture indépendante s'imposait en ces circonstances.
Notons ici encore l'éléphant taillé dans le bois par CORNÉLIA CHAPIN; la Femme accroupie, de J. PIÉ, qui n'a d'égyptien que l'attitude, et les bustes de GEORGACAS, GEORGES CHAUMONT (ceux de ce dernier francs et vivants), MARISE NOVAKOVA, SUZANNE LEFÈVRE, les portraits estimables de LAFARGE, et la Jeune Martiniquaise de MAURICHEAU-BEAU-PRÉ.

Le hall de droite est concédé on le sait aux artistes non sociétaires. on y verra quelques envois très particulièrement intéressants. Les deux petites statuettes de WALCH ont beaucoup de grâce et de style. Elles livrent avec spontanéité une inspiration charmante et aiguë. Le jeune sculpteur DELUOL tient plus encore qu'il n'avait promis l'an passé. Dans sex deux groupes conçus avec un esprit à la fois sculptural, intelligemment décoratif et vivant, le jeudes masses et les oppositions des pleins et des vides sont conduits avec un bien rare instinct de la sculpture. on signalait l'an passé DELUOL à l'attention des connaisseurs, on le désigne aujourd'hui pour un des bien rares jeunes artistes d'où peut nous venir du nouveau.
Voici d'autre un Tapir de SAINT-MAR-CEAUX, aux formes habilement simplifiées, un buste d'enfant de MARCELLE SOLLIER d'un art ferme où s'exprime avec sobriété une sensibilité	 contenue, et de la même artiste, une petite statuette.
La petite oeuvre de KRETZ a cette élégance et cette grâce simplifiées auxquelles l'artiste nous a accoutumé. Une sensibilité pleine de charme s'y fait jour. Mais on attend mieux de vous, KRETZ, que des oeuvres charmantes où le XVIII[[?]] siècle est accommodé à l'esprit du temps
Encore une Danseuse de SCHOHN. C'est de l'ennuyeuse et béate anatomie. Le buste de BASARAB, assez singulier, révèle de l'audace et de la force. Autre buste singulier, celui de F. BERTONI.
La petite statuette d'OSOUF est un excellent morceau : sculptural et vivant, plein et  agréablement sensuel. OSOUF sait se plier aux lois de la sculpture, à un rythme plein et significatif sans altérer la fraîcheur de son inspiration. Il présente aussi un portrait : un simple masque de la plus fine qualité.
Le Guerrier de marbre de KLUKOWSKI d'une inspiration archaïque, est de proportions heureuses.
On trouvera ici enfin un Cerf d'ANNE-MARIE PROFILLET, qui est une oeuvre estimable, comme l'est le buste d'enfant de la même artiste qu'on verra dans les salles; de petites oeuvres de MARIO DI DOMENICO, PHALIRÈAS, CLÉMENT et BERRONE. Signalons le Portrait d'enfant de STAGETTI, la Corrida de GOLOVINE, qui est loin dans son exécution un peu sommaire, d'être sans qualité, enfin une bonne Mauresque, mais qui manque un peu de piquant, de DAMBOISE, dont on voit d'autre part un buste sensible dans une des salles du Salon.

Dans le hall de gauche, on verra le Travailleur de la mer d'ANDRÉ VERDILHAN : cette oeuvre, destinée à Marseille, est rodinienne de ton et bien emphatique ; elle est très confuse et il ne saurait être à son sujet question de style. WLÉRICK présente sa Jeunesse de bronze dont nous vîmes le plâtre au Salon des Tuileries.
MATÉO HERNANDEZ a fait cette année un envoi important. On s'en félicite pour la section de sculpture du Salon. Voici du moins des oeuvres de poids. Il semble que le talent de l'artiste se libère du fétichisme des apprêts de la matière. Ses oeuvres en prennent plus de spontanéité. La vie s'y exprime mieux au sein de constructions toujours rigoureuses. De ces quatre belles oeuvres, le Groupe de chimpanzés est la plus frappante. HERNANDEZ y montre qu'il sait, quand il le faut, témoigner de sa vigueur. 
L'Ours de LEMAR perd sans doute à ce voisinage, mais il est un bon morceau, de formes très simplifiées : la matière en est habilement traitée. On verra plus loin une vitrine de statuettes piquantes et spontanées du même artiste. Autre animalier, WUILLEUMIER, dont le Jars est une des bonnes sculptures de l'artiste.
Un portrait de BIGEARD, un bon Torse de LLOYD, un nu élégant -- sans plus -- de SUZANNE DE LAMER, un buste et un torse de J.-R. CARRIÈRE, un portrait de JAN et JOEL MARTEL où leur manière s'est un peu assouplie, et des mêmes artistes, un bas-relief pour une fontaine, de proportions et de rythme excellents dans leur esprit décoratif, et enfin le Nu pour une fountaine d'HUBERT-YENCESSE.
Cette dernière oeuvre est un des morceaux importants du Salon -- important par sa qualité et par le travail qu'y a consacré l'artiste. On sait avec quelle prudence, quel esprit de modération, quelle intelligence de son art HUBERT-YENCESSE a développé son talent. Il s'est assimilé l'esprit même de la sculpture, a développé son sens instinctif du jeu des formes et des volumes et nous a doné des oeuvres denses chaque année meilleures. Mais cette rigueur et cette sagesse, vette harmonie même ne suffisent pas. L'artiste a voulu rénover son inspiration d'une sève plus spontanée et plus vivante. Danse cette  oeuvre d'une belle plénitude il a su réaliser son dessein.

Beaucoup de sculptures ont été disséminées dans les salles. On trouvera, à l'entrée de la premiére salle, en haut du grand escalier, entour d'un Chien de Mme DE BAYSER-GRATRY et d'un groupe d'Ibis d'Artus, un Chien d'HILBERT. L'excellent animalier a très finement adapté son art strict, d'une noble fermeté, à la bonhomie de l'animal qu'il représente: ce contraste est un des charmes de son oeuvre. HILBERT expose encore un beau Buste de femme, une Tête d'homme, qui figura au Salon du temps présent et un Chat. Quelquesuns de ses élèves exposent avec lui: Y. DE OOETLOGON dont la  Tête est excellente et ANEBROIS qui présente une Tête de bélier et un Oiseau. Om trouvera ces scultpures ici et là dans les salles.
Dans la premiére salle, on verra un Athlète au repos de LAMOURDEDIEU dans une pose bien incommode. On trouvera dans les salles suivantes un buste consciencieux et fin du même artiste; un buste d'enfant d'une grâce vraie d'ALFRED BENON, meilleur que la statuette du scupteur; un bon portrait de DULER; une oeuvre vivante de ALALOU; des portriats de CONTESSE, JEANNE BRUNETON, MARQUE et POPINEAU et des bronzes de HALOU.
Le buste de GUSTAVE PIMIENTA, tout en fines nuances, perd à un éclairage un peu cru. Nou