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Le Jour Nov 4 1935

Au Salon d'Automne

La sculpture

Le gout, c'est la qualite dominante du Salon d'automne. Mais, comme en peinture, on chercherait vaineinent ici des oeuvres de grande envergure. Pour des raisons materielles - le deplorable eclairage du rez-de-chaussee - la sculpture ne saurait s'affirmer dans toute sa gloire comme aux Tuileries. 

Mettton tout de suite hors de pair 1'Athlete vainqueur de Marcel Gimond, nu d'une très belle tenue, mais qui souligne un peu trop, à mon gré, ses archaïsmes; Jeunesse, de Wlérick; la figure de femme de Hubert Yencesse, si pleine, si rayonnante et qu'on dirait détachée du fauve troupeau des filles de Renoir.

Le petit nu de Kretz est plein de suavité. Seluol a le sens du mouvement dans ses petits groupes taillés directement dans la pierre; Coubine, dans ses figurines en cire perdue, témoigne d'une mervosité charmante. Que la Baigneuse assise de Guénot se méfie du savon de la miévrerie. Une exécution plus solideût souligné les mérites de la Mère heureuse de Bachelet, grande figure nuefleurie d'enfants minuscules et qui nous accueille dès l'entrée.

La maquette de Wlérick et R. Martin pour le Monument Albert ler fait déplorer qu'ils aient été écartes du concours. Bouraine se propose d'ériger un monument sobre â la gloire des ailes francaises. Le grand bas-relief des frères Martel pour une Fontaine témoigne d'un parti simplificateur qui n'est pas exemplt de maniérisme. La Gitance de Pimienta montre dans quelles errerurs peuvent tomber les esprits les plus réfléchis. Le groupe en céramique de Pierre Lebasque a de la verve. Pourquoi M. Iché intitule-t-il son nu un peu sec Le Penseur?

Les bons bustes abondent : Kretz, A. Benon, Popineau, Osouf, Loutchansky, René Carrière, Apartis, Marcelle Solier, Yvonne Serruys. Aucun n'a l'ampleur et l'autorité de l'effigie qu'a sculptée Raymond Martin, qui fait penser à Carpeaux.
Les animaux ont droit de cité dans cette arche sombre : Hilbert, Guyot, Artus, Cornelia Chapin, Willeumier, Lemar, Profillet. un envoi domine par son importance, celui de Mateo Hernandez : sa Famille de chimpanzés en marche, bloc de granit noir, nest pas une de ses moindres réussites. La rétrospective de Pablo Gargallo résume l'évolution d'un tempérament que libéra le cubisme. Gargallo suggère le volume à l'aide de la seule ligne, d'un métal aminci et creux dont notre imagination poursuit l'élan, prolonge le rythme. Ce novateur, dont l'action, elle aussi, se prolongera, est mort il y a un an en Catalogne.

                   L'art  religieux

On sair l'éclat particulaier que connait ici depuis dix ans l'art religieux. La nomination de Georges Desvallières á la présidence du Salon d'automne assura l'essor de cerre section, ou nous trouvins réunies nombre d'oeuvre de qualité: la Station pour un chemin de croix de Desvallières, Nazareth et la Nativité de Paulini Peugniez, la Légende des Saintes-Maries-de-la-Mer d'Odette Bourgoin, le Christ á la colonne de Duché, le Saint Jean-Baptiste enfant d'Ambroselli, Miracle et réalité (un fiévreux triptyque de Josette Bounet), les Rameaux de Bercot, l'Annonciation.
                 
                   L'affiche

 Elle Illumine les pourtours du premier étage et montre combien sont nombreux aujourd'hui les émules de Colin, de Cassandre at de Carlu. LE Salon d'automne lui-meme, la Neige des Cévennes, les Couleurs Lefranc, le Cidre de France, le Didot-Bottin ont fait rivaliser de verve cent artistes, bien plus heureux dans ces libres dans un cadre d'or. 
Claude ROGER-MARX.

EXCELSIOR
                   Sculpture
 La section de scukoture est. cette anneé, nettement supérieure á celle de l'an passé Il se peut que ce résultat soit du á l'entrée au comité directeur de Despiau et Drivier — lesquels, d'ailleurs n'exposent pas. Toujours est-ilque les ouvrages de qualité ne sont répartis entre les salles du haut, les paliers et la rotonde d'Antin. Je vous ai signalé l'essentiel de ce qu'on rencontre dans les galeries du premier étage; ce sont surtout bustes et statuettes á l'exception de deux grandes figures, l'une de Gimond, l'autre dans les deux plus vastes pièces du haut. Parmi les meilleurs portraits, Pimienta, Praire, Marque, Kretz, Loutchansky, Contesse, Rousaud, Apartis (portraits expressifs de Mme Georges Duhamel et de Duhamel), Kretz, Pierre Lebasque, Dideron, Yvonne Serruys, René Carrière, Cazaubon, Mme Moricheau Beaupré, Bouffez Mlle Alalou-Jonquières (buste de Mme H.-L. Perreuz), MArtel et Sabouraud. 
 La Rotonde d'Antin continent. au centre, une Figure Tombale de Bouraine et la maqueyye de son momument de Cannes, A la gloire des ailes. La jeunesse de Wlerick est l'exécution en bronze du platre unanimement admiré aux Tuileries; la grace, la distinction   

Nov 5. 1935

de cette figure sont mérites de Wléricak; ce sculpteur de grande classe a eu également raison d'exposer son Projet de monument au roi de Beiges Albert I. La comparaison entre ce projet et celui du prix de Rome qui a décro-ché la timbale n'est guére a l'avantage de ce dernier.

Le Travailleur de la mer d'André Verdilhan est d'un accent romantique oú se sent la joyeuse exbérance provencale. Un Nu de Hubert Yencesse on ne peut plus heureux de proportions et de fermeté. Ce jeune homme est un des grands espoirs, avec Couturier et Auricoste, de l'ecole francaise contemproaline.

D'autres noms sont ici á retnir : Popineau, France Raphael, Chauvel, Bachelet, Marius, Cladel, Halou, Coubine. 

L'art animalier se recommande des noms de Mateo Hernandez, dont les ouvrages de taille directe, tant en dorite, en schiste, en granit noir qu'en bois d'ayons, sont plus fermes et pleins que jamais. Le Bourgeois, Hilbert, Guyot, Lemar, Mme de Bayser-Gratyr, Cornelia Chapin. I semble que la vi-rile lecon de Hernandez porte ses fruits: on nouse impose un peu moins de modelage et plus de vraie sculpture oú la matiére est respectée. Ce n'est pas d'ailleurs au seul maítre catalan que revient l'honneur de cette renaissance. I[[?}} est un nom qu'il ne faur jamais omettre de rappeler : celui du promoteur du mouvement : André Abbal. 

                  Arts appliqués et gravure
C'est une tradition chez les ensembliers de n'être prêts que le suriendemain du vernissage. Qu'ils ne s'en prennent donc qu'á eux-mêmes si nous étudions leurs travaux... au catalogue. Mais on sait que Printz construit ses meubles avec un goût èclairè, servi par une impeccable technique; on fair confiance á Charlotte Alix, á Fréchet, á Adnet, á Guiguichon. Par contre, les vitrines sont á peu prés toutes granies. La céramique a pour tenants Decueur, Beyer, Pierre Lebasque, Dem, Crevel, Guidette, Carbonnel; il faut également citer Massoui et Mayodon. Suzanne Le Bourgeois nous soumet un bien joli dallage pour allée de jardin; Luce et Goupy, des services de table; Lalique, Sala Després, Lise Heran, Templier, Subes Louise Germain, Kalitovicz, Mme Ory-Robin, Puiforcat, Marcelle Thiénot, Nelly Vandel, Mlles Zippelius, Anita Conti, Mme Chabert-Dupont, Mme Gos-selin-Cizaletti, autant de noms distinqués que nouse louerons avec plaisir; Jacques Beltrand, Colin, Guastalla, Joseph Hecht suffisent á constituer une restreiente mais bonne section d'estampes. 
 Et l'esthétique du machinisme ne perd point ses droits au Salon d'Automne puisque M. René Prou expose un Compartiment d'une voiture de troisieme classe commandée par la Compagnie P,-L.-M. Ce wagon est d'une sobre élégance. Quel progrés accompli depuis le wagon de troisiéme classe de Daumier! (Je parle du modéle, bien entendu...)

Louis VAUXCELLES