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LE JOURNAL DU DIMANCHE- - Dimanche 17 Octobre 1854 L'œil de Paris par Pierre DEVAUX Place des Victoires, ou roi de marbre et roi de bronze MOINS heureuse que la place Vendôme restée intacte depuis sa naissance sous le grand siècle, la place des Victoires, ravissant rond-point, ne nous est plus offerte dans sa pureté primitive, mais on peut encore en considérer la beauté. Elle fut créée pour entourer la statue de Louis XIV. II était à pied, à l'époque. Aujourd'hui, il est à cheval. Il a donc fait du chemin. C'est toute une histoire. En 1679, François d'Aubusson de La Feuillade, duc et maréchal de France, grand zélateur de son roi, décida de lui faire ériger une statue en marbre, en pied, vêtu à la romaine. Une statue à la mémoire de Desaix Le sculpteur hollandais Van den Bogaert tailla la statue dans un énorme bloc de marbre que le duc de La Feuillade s'était fait amener dans le jardin de son hôtel, rue Saint-Denis. Mais où mettre la statue? La Feuillade acheta l'hôtel de la Ferté-Sennecterre fit exproprier par la Ville de Paris le maisons avoisinantes, et demanda à Jules Hardouin-Mansart d'établir le plan d'une place destinée à entourer la statue de << Déodatus >>. Quand la place fut construite, on ôta la statue de marbre pour la remplacer par une énorme chose en bronze due au même Van den Bogaert. Le roi, non plus en romain, mais en costume de sacre, était couronné par l'Immortalité, un Cerbère à ses pieds tout comme un gentil toutou. Aux quatre coins du piédestal, quatre captifs figurant les nations vaincues jusqu'au 12 août 1792, jour où l'ensemble fut abattu pour être fondu. Il ne restait plus que le socle. Bonaparte, alors, eut l'idée d'élever sur ce socle une statue à la mémoire de Desaix qui venait de trouver une mort glorieuse à la bataille de Marengo. Hélas! le sculpteur qui érigea la statue du vrai vainqueur de Marengo eut l'idée de le représenter entièrement nu, seulement vêtu d'un baudrier qui ne cachait rien à la vue des jeunes filles. Ce fut un scandale. On entoura la statue de palissades avant de l'abattre et de la fondre pour devenir la statue du Vert Galant sur le Pont-Neuf. Et, dans toute sa gloire. Louis XIV revint sur son socle, mais, cette fois-ci, à cheval. Paris 18 Octobre 1954. Cher Monsieur Seligman, Je ne vous oublie pas et... quand je trouve une occasion pour vous le prouver je suis bien content. Vous aimerez surement cet article bien vraiment historique ; il dit, une fois de plus, ce que nous savons mais qui fait toujours rever à ".... l'enorme bloc de marbre que le duc de La Feuillade s'était fait amener dans son jardin (provenant de Carrara) de son hôtel rue Saint-Denis"..... Envoyez moi de vos nouvelles et agréez, je vous prie, mes souvenirs les plus sincères. Maximo Sciolette 22, Place Vendôme, 22 Paris-Ier
Transcription Notes:
Great article! Great transcription!
