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pour travailler comme vous le souhaitiez.

Mais cette indifférence faussait l'optique dans laquelle l'avant-garde européenne peut se considérer elle-même. L'Europe n'est pas une nation, et chaque artiste s'y sent un individu, avant de voir les liens fort lâches qui peuvent l'unir à leur propre pays. Devant le front américain que vous avez réussi à créer sous le chapeau du Pop Art, il n'y avait évidemment en Europe que des individus, des libertés séparées. Votre union apparente a créé l'illusion de la force [[strikethrough]] fome [[/strikethrough]], nos divisions ont laissé croire à notre faiblesse car les individus ne peuvent s'imposer aujourd'hui que s'ils sont soutenus, vous le savez mieux que personne.

Or, avec un aplomb tranquille, nuancé chez Ileana, moins nuancé chez Mike, vous avez tenté d'imposer une nouvelle hiérarchie des valeurs de l'avant-garde, dans laquelle les Européens que vous [[strikethrough]] vous [[/strikethrough]] choisissiez ne pouvaient jouer que des rôles secondaires (PISTOLETTO et SCHIFANO hier, GILLI aujourd'hui), sinon de simples"figurants" (Daniel). Cette tentative de révision des valeurs de l'avant-garde, vous l'avez menée d'autant plus habilement que vous vous contentiez le plus souvent de vous taire, et d'esquiver la discussion, quand il s'agissait de mettre en parallèle les américains et les européens. De plus, votre point de vue s'exprimait avec charme, et s'enveloppait toujours de tendres admonestations, et même plus souvent d'une chaleureuse complicité, faite de sous-entendus furtifs, qui devenaient avec les mois de plus en plus vagues. Cela, jusqu'à votre victoire éclatante [[strikethrough]] du [[/strikethrough]]