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JEUDI... RIVE GAUCHE 

[[note]] Figaro 4nN [[/note]]

PLACE SAINT-SULPICE

Au 6 : PRASSINOS

«La grande tapisserie est une cérémonie. La petite une fête intime.» Prassinos a résumé son art en deux phrases consignées à l'intérieur de la brochure publiée à l'occasion de sa nouvelle exposition.

Depuis 1956, le peintre Prassinos se double du cartonnier. Une expérience aujourd'hui approfondie jusqua'à la maîtrise. Toute la verve picturale se transmet en un langage créé pour la tapisserie, issu des mêmes intentions, mais exprimé d'une maniere originale.

Que noter depuis la dernière manifestation de 1968? Avant tout, un changement dans la gamme des tons. Moins de bruns, de noirs, de blancs, d'ocres. Sur la cimaise, les couleurs éclatent. Des rouges, des ors, des oranges et même un bleu envahissent les formes, comblant les méandres de l'écriture. Une volonté toute particulière se fait jour, insistant sur le pouvoir fascinant de la lumière. Des ennuis de santé, quelques mois d'interruption obligatoire, une vie contenue sont à l'origine de cette explosion qui témoigne de la joie à retrouver le travail. Plaisir de l'artiste qui l'incline à retourner aux sources d'où le rythme de son écriture qui également marque une évolution. Prassinos est né à Constantinople et l'on ne peut s'empêcher d'évoquer ses origines, la richesse des mosaïques orientales en face de la série des tapisseries nées autour du thème des « Fiancés turcs ». Il faut noter également « Le Soleil des eaux », œuvre dépouillée, plus linéaire et cette autre « Pretextat », œuvre austère, troublante, exercise pour un tissage en relief, réalisé par Pierre Daquin. Où la maturité n'a pas encore atteint ses limites. (Galerie La Demeure, jusque fin novembre.)

RUE DE L'ÉCHAUDÉ

AU 12 : Louis PONS

MAX ERNST aurait acheté deux « assemblages » à l'actuelle exposition des œuvres récentes de Louis Pons. On comprend pourquoi le grand peintre surréaliste s'intéresse à l'art de ce jeune artiste. Tous deux se rejoignent sur le chemin des obsessions.

Comment résister d'ailleurs aux « boîtes à assemblages » de Louis Pons et à leur étrange force d'évocation? Parfois baroque, parfois étudié de manière à souligner la répétition obsessionnelle, les objets en tous genres qu'elles contiennent, pinces à linge, têtes de poupées, pièces retirées de la décharge... témoignent de la variété infinie des angoisses de l'homme. On y retrouve l'éternel pouvoir de fascination exercé par l'objet, hors d'usage, rejeté en dehors de la nécessité et qui retrouve, associé à d'autres, un pouvoir nouveau, chargé d'une émotion surréelle, empreint d'une inquiétante nostalgie. (Galerie Le Point Cardinal, jusqu'au 27 novembre.)

RUE DE SEINE

Au 35 : WAKHEVITCH

AUTEUR de nombreux décors pour l'Opéra, Wakhevitch continue à exercer son talent. Ses œuvres récentes restituent la marque de son dessin toujours très lyrique en une expression tout à fait nouvelle : le relief à l'aide d'un fil de métal. Il s'en suit des compositions extrêmement légères, plus abstraites, moins passionnées que tout l'ensemble des maquettes, décors, costumes, que l'on a déjà eu l'occasion de voir et qui sont exposés en même temps. (Galerie Proscenium, jusqu'au 15 novembre.)

Au 41 : TOFFOLI

CONTRAIREMENT à certains artistes, Toffoli exécute lui-même entièrement ses lithographies et en surveille le tirage. Elles sont rassemblées aujourd'hui en tant que témoignages de son œuvres picturale. Ce sont là en effet les mêmes sujets, scènes humaines, glanées au cours de nombreux voyages de l'artiste, traduites par un jeu de volumes fondé sur la transparence de la lumière. La technique de la lithographie parvient à mettre en valeur cette très personnelle superposition de plans colorés. (Galerie de Seine, jusqu'au 10 novembre.)

RUE DU DRAGON

Au 3 : Trois peintres des Etats-Unis.

JOHN S. CARTIER, Frank Gunter et Robert Reid appartiennent à la même génération. Ils échappent aux classifications actuelles de l'art américain. J. Cartier livre une peinture acrylique conçue en de grands aplats aux couleurs sourdes, nostalgiques. F. Gunter témoigne de la campagne américaine, les fleurs, en une technique lèchée, comme un report photographique, soignant la poésie des reflets. Robert Reid, seul, sait renvoyer l'image d'un langage réellement neuf, inventé, chargé de symboles, de signes d'une réelle portée, d'un réel témoignage. (Centre Culturel Américain, jusqu'au 15 novembre.)

Sabine Marchand.