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LE MONDE ILLUSTRE - MIROIR DU MONDE
24 SEPTEMBRE 1938

Chapin

FEMMES SCULPTEURS D'HIER ET D'AUJOURD'HUI
par Louis VAUXCELLES

On nous annonce que les envois féminins seront - sous peu de jours puisque les opérations du jury vont bientôt commencer - fort nombreux au "Salon d'Automne". Il ne faut point s'en étonner: depuis un demi-siècle, en effet, les ateliers de femmes ont pris une extension croissante, d'aucuns disent démesurée. Mais il faut convenir que si nous comptons moult "peintresses", les "sculptrices" sont rares. Des femmes peintres, il s'en rencontrera plus d'une, bien avant le XIX° siècle. Nous pourrions citer Judith LEYSTER, disciple de Frans HALS, Geneviève BON DE BOULOGNE, Marguerite GERARD, belle soeur de FRAGONARD, les deux fameuses rivales Elisabeth VIGEE-LEBRUN et Adélaide des VERTUS, plus connue sous le nom de LABILLE-GUIARD; Mme HAUDEBOURG-LESCOT, Françoise DUPARC, délicieuse artiste influencée par CHARDIN, ainsi que Mme VALAYER-COSTER; d'autres encore, telles Mlle BOUILLARD, Mlle LEDOUX et l'infortunée amie de PRUDHON, la belle et sensible Constance MAYER. Après elles; le XIX° siècle voit fleurir d'abord la respectable Rosa BONHEUR, un peu surfaite de son vivant et qui fut une manière de TROYON enjuponné. C'est ensuite ce quatuor qui, composé de Berthe MORISOT, Eva GONZALES, Victoria DUBOURG et Marie BRACQUEMOND; toutes quatre ont été très proches des ma tres masculins dont elles furent, sauf Eve GONZALES, les parentes. Berthe MORISOT est une adorable coloriste et il est loisible de penser que c'est elle qui a influencé son illustre beau-frère, Edouard MANET, plus qu'elle ne fut marquée par lui; Eva est, elle, franchement l'imitatrice du peintre d'Olympia. Victoria DUBORG est Mme FANTINE-LATOUR; et Marie BRACQUEMOND, la femme du célèbre graveur, après elles, le nombre de nos contemporaines qui manient les pinceaux augmente sans cesse : il suffit de citer Marie DUHEM, Marie CASSATT, Loiuse BRESLAU, Jacqueline MARVAL, Suzanne VALADON, Véra ROCKLINE et de nos jours, Odette DES GARETS, Romaine BROOKS, Marie LAURENCIN, Louise HERVIEUX, Antoinette DESTREM, Marie-Louise SIMEON, et toutes les exposantes du Salon des F. A. M. (Femmes Artistes Modernes), si brillamment présidé par Mme CAMAX-ZOEGGER; il suffit d'évoquer Bessie DAVIDSON, Germaine JOUMARD, Florence COINTREAU, Béatrice CAREBUL, Roselyne de CHABRILLANT, vingt autres et de plus méritantes.

Mais les femmes sculpteurs?

On comprend qu'il s'en rencontre moins que des dames à palette; il faut en effet pour d'adonner à ce rude métier, la plus noble abnégation car la sculpture ne se fait point en un élégant studio, mais dans un atelier qui ressemble plus à un hangar qu'à un salon, avec les baquets [[obscured]]e boue, les seaux d'eau, les outils, les chiffons mouillés, les grossières [[obscured]]rmatures et les outils; une singulière résistance physique est requise. [[obscured]] nous trouvons quelques femmes sculpteurs de talent en ces six ou huit [[obscured]]rniers lustres, il faut longuement feuilleter les catalogues et regis[[obscured]]es du passé pour en dénicher sous l'ancien régime.

Elles ont une aieule d'importance, SABINE, L'Alsacienne; on la déno[[obscured]] au petit bonheur SABINE DE STEINBACH, lui attribuant outre un Christ [[obscured]] portail de la cathédrale de Strasbourg, l'effigie d'Erwing de STEIN[[obscured]]H, qui fut un des maîtres d'oeuvre de la vénérable basilique au XIV° siècle et dont on supposait qu'elle eût été la fille.

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